Fait partie de la croyance en Allah et au jour dernier, le fait de reconnaître que les croyants verront leur Seigneur le jour de la résurrection d’une vision réelle, avec leurs yeux, sans qu’ils ne puissent [cependant] « l’embrasser du regard », et ce lors de deux occasions :
L’une : lorsqu’ils seront sur les vastes aires du rassemblement, dans la place où se déroulera le jugement. L’autre : après leur entrée au paradis Allah dit : Des visages resplendissants [radieux] ce jour-là contempleront leur Seigneur [/Des visages seront, ce jour-là, resplendissants, et contempleront leur Seigneur
Il dit aussi : Sur les divans, ils contempleront
Il dit aussi : « À ceux qui font le bien, il leur sera donné la meilleure [récompense] et un supplément »
Or, le Prophète a expliqué que « le supplément » est la vision par laquelle on verra la noble face d’Allah. Il a également dit quand il regarda la pleine lune : Vous verrez votre Seigneur comme vous voyez cette lune, sans besoin de vous bousculer les uns les autres (lâ taḍâmmûn) pour le voir ». Rapporté par les deux cheikhs
Sur cette question, deux groupes se sont égarés Les négateurs des attributs que sont les Jahmites, les Mu`tazilites et ceux qui sont d’accord avec eux parmi les Râfiḍites et les Ibâḍites. Ils ont nié la vision et ont tiré argument de cette parole qu’Allah a dite à Mûsâ : Tu ne me verras pas
Et aussi de cette autre parole à lui : Les regards ne peuvent l'atteindre
La réponse à cela est comme suit : le sens de « Tu ne me verras pas » est : « Tu ne me verras pas dans ce monde, ici-bas » comme il [Mûsâ] avait demandé. De plus, la particule de négation « lan » n’implique pas forcément la négation perpétuelle. Concernant le fait que « les regards ne peuvent l’atteindre (idrâk) », nier que les regards puissent totalement l’embrasser n’implique pas nécessairement la négation de la vision puisque la vision peut se réaliser sans que cela n’implique le fait « d’atteindre » (idrâk) comme c’est le cas concernant la vision du soleil, de la lune, de la montagne et choses de ce genre. À quoi l’on peut ajouter [pour leur répondre] que les textes du Qur’ân et des hadiths abondent dans l’affirmation de la vision.
2) Les charlatans parmi les soufis et les innovateurs. Ceux-là sont excessifs dans l’affirmation de la vision au point de l’attribuer [cette vision] à leurs « saints » en ce monde. Ils citèrent à ce sujet des hadiths mensongers. Or, le Prophète a dit : Et sachez que vous ne verrez votre Seigneur qu’après votre mort
I. La Foi, C’est La Parole Et L’acte.
C’est la parole qui vient du cœur et de la langue et c’est l’acte du cœur, de la langue et des membres.
La parole du cœur, c’est le fait qu’il croie, qu’il adhère, qu’il reconnaisse [et accepte les articles de la foi].
La parole de la langue, c’est le fait de prononcer l’expression verbale d’adhésion à l’islam et de dire d’une voix audible les deux attestations de foi [lâ ilâha illa-llâh, Muḥammadu-r-rasûlullâh].
L’acte du cœur, c’est ce qu’il recèle d’intentions et de desseins, comme l’amour, la peur, l’espoir, et la confiance.
L’acte de la langue, c’est ce qu’il énonce de formules de louanges et de glorifications (dhikr), d’invocations (du`â’), de récitation (tilâwa).L’acte des membres, c’est l’action que les membres du corps font pour s’acquitter de pratiques cultuelles physiques.
Allah dit : Les vrais croyants sont ceux, quand Allah est mentionné, leurs cœurs sont saisis de crainte, quand ses versets leur sont récités, ils leur ajoutent de la foi, et qui placent leur confiance en leur Seigneur. Ce sont ceux qui accomplissent la ṣalât et qui dépensent [dans le bien une partie] de ce que nous leur avons octroyé. Ceux-là sont vraiment des croyants. Ils auront de hauts rangs auprès de leur Seigneur, ainsi qu'un pardon et un don généreux
Il dit également : En vérité, les croyants sont ceux qui croient en Allah et à son messager, qui n’ont ensuite plus aucun doute et qui combattent dans le chemin d'Allah en impliquant leurs biens et leurs personnes. Voilà ceux qui sont sincères
Le Prophète a dit : La foi, c’est plus de soixante-dix –ou plus de soixante– éléments dont le meilleur est la parole LÂ ILÂHA ILLA-LLÂH (point de dieu méritant le culte hormis Allah), et le plus bas, le fait d’enlever du chemin ce qui nuit [aux passants], la pudeur étant aussi un élément de la foi ». Rapporté par les deux cheikhs, la présente formulation étant celle de Muslim
La foi est donc fondamentalement composée de paroles et d’actes. Elle est une adhésion du cœur qui implique nécessairement la parole et l’acte. En conséquence, l’absence de parole et d’acte est une preuve de l’absence d’adhésion du cœur.
Lorsqu’il est cité seul, le terme foi (îmân) est synonyme d’islam (islâm, soumission) car [dans ce cas] chacun des deux désigne la religion dans sa totalité. En revanche, lorsqu’ils sont évoqués l’un en présence de l’autre, dans ce cas le mot « îmân » désigne [spécifiquement] la croyance intérieure tandis que « islâm » fait [spécifiquement] référence aux actes apparents. Dès lors, tout croyant est un soumis [« muslim », qui adhère à l’« islâm »] mais tout « muslim » n’est pas forcément un « mu’min ». Allah () dit : Les bédouins ont dit : « Nous avons la foi ». Dis : Vous n'avez pas la foi, mais dîtes plutôt : “Nous nous sommes soumis”. En effet, la foi n'est pas encore entrée dans vos cœurs. Si vous obéissez à Allah et à son messager, il ne vous diminuera rien de vos œuvres. Allah est Très Pardonneur et Très Miséricordieux
Elle augmente en connaissant Allah, en réfléchissant sur ses signes dans la création, en méditant ses signes dans les textes, en pratiquant l’obéissance et en délaissant les désobéissances. Elle diminue en ne connaissant pas Allah, en demeurant insen sible à ses signes dans la création, en se détournant de ses signes dans les textes, en négligeant les actes d’obéissance et en commettant les actes de désobéissance. Allah dit : …quand ses versets leur sont récités, ceux-ci leur ajoutent de la foi,…
Il dit aussi : Quant aux croyants, elle augmente leur foi, et [de cela] ils se réjouissent
Il dit également : C'est lui qui a fait descendre [et a placé] la sérénité dans le cœur des croyants afin qu'ils aient de la foi en plus de la foi qu’ils ont déjà
Certains de ses éléments ont plus d’importance que d’autres comme cela ressort du précédent hadith : La foi, c’est plus de soixante-dix –ou plus de soixante– éléments dont le meilleur est la parole LÂ ILÂHA ILLA-LLÂH (point de dieu méritant le culte hormis Allah), et le plus bas, le fait d’enlever du chemin ce qui nuit [aux passants], la pudeur étant aussi un élément de la foi ». Rapporté par les deux cheikhs, la présente formulation étant celle de Muslim
Certains ont une foi plus complète que d’autres. En effet, Allah dit : Ensuite, nous fîmes que nos serviteurs élus héritèrent le livre. Il en est parmi eux qui se font du tort [à eux-mêmes, en commettant des péchés], d'autres qui ont une pratique religieuse moyenne, et d'autres qui pratiquent beaucoup de bonnes actions par la grâce d'Allah. C’est cela le bienfait immense
Le Prophète a dit : Les croyants qui ont la foi la plus complète sont ceux qui ont le meilleur caractère ». Rapporté par Aḥmad, Abû Dâwûd, et at-Tirmidh
Qui s’acquitte des deux attestations de foi en croyant à leur signification et en se conformant à ce qu’elles impliquent s’est acquitté du fondement de la foi. Qui pratique les obligations et délaisse les interdits s’est acquitté de la foi requise. Qui pratique les obligations (wâjibât) ainsi que les surérogations (mustaḥabbât), tout en délaissant les interdits (muḥarramât) ainsi que les choses détestables (makrûhât) [qui sont moins graves que les interdits], celui-là s’est acquitté de la foi complète.
Cela consiste à dire : « Je suis croyant (mu’min) si Allah veut (inchâ’allâh) ». À ce sujet, trois cas existent :
Le premier : si la personne dit cela en ayant un doute concernant le fondement de sa foi, alors dire cela est interdit. Cela est même synonyme de mécréance car la foi est une résolution ferme [du cœur].
Le deuxième cas : si elle le dit par peur [pour éviter] de se vanter [de se glorifier, de prétendre] avoir atteint la foi requise ou complète, alors le dire est chose requise.
Le troisième cas : si elle le dit dans le but d’obtenir la bénédiction divine par le fait d’évoquer la volonté d’Allah (machî’a) [contenue dans l’expression inchâ’allâh], alors cela est permis.
Ceux-ci la font diminuer mais le fondement de la foi subsiste. Donc, celui qui est coupable d’un grand péché a encore la foi, mais celle-ci est diminuée. Il est croyant (mu’min) par la foi qu’il a encore mais il est transgresseur (fâsiq) à cause du péché majeur dont il s’est rendu coupable. En ce monde, il n’est pas exclu de la religion. Dans l’au-delà, il ne sera pas mis en enfer pour l’éternité, mais son cas dépendra de la volonté divine. Si Allah veut lui pardonner, il lui pardonnera par sa grâce et sa miséricorde, puis il le mettra au paradis, et s’il veut le châtier, il le châtiera relativement à ses péchés puis il sera au bout du compte placé au paradis, ou bien il sera puni pour une partie de ses péchés puis en sortira grâce à l’intercession des intercesseurs ou grâce à la miséricorde de celui qui est « le plus miséricordieux des miséricordieux ». Allah dit : Allah ne pardonne pas qu'on lui attribue un associé. En revanche, il pardonne ce qui est moins [grave] que ça à qui il veut. Quiconque vénère avec Allah autre que lui commet alors un énorme péché
à la place de [l’expression] : « … de bien (min khayr) ». Deux groupes se sont égarés sur cette question :
Ce sont ceux qui disent que la menace est exécutée et qui nient une quelconque intercession en faveur des monothéistes musulmans auteurs de grands péchés. Ils se divisent en deux catégories :
1- Les kharidjites
Ce sont ceux qui affirment que le coupable d’un péché majeur (kabîra) est com plètement sorti de la foi (îmân) et qu’il est entré dans la mécréance (kufr), ce qui fait de lui un mécréant en ce monde tandis que dans l’au-delà ce sera un damné, éternellement voué à l’enfer.
2- Les mu`tazilites
Ce sont ceux qui disent que le coupable d’un péché majeur est sorti de la foi et qu’il n’est pas entré pour autant dans la mécréance, mais qu’en ce monde il est dans un état intermédiaire entre les deux états c’est-à-dire ni croyant ni mécréant, tandis que dans l’au-delà il sera en enfer éternellement !La réponse aux wa`idites peut se faire de plusieurs façons dont celles-ci : : Concernant celui qui a commis un péché majeur, Allah a confirmé qu’il a la foi en ce monde et lui a conservé la qualité de « frère dans la foi », comme cela ressort de sa parole que voici : Ô croyants ! Le talion pour les personnes tuées vous a été prescrit. Homme libre pour homme libre [si tueur et tué sont des hommes libres], esclave pour esclave [si tueur et tué sont des esclaves], et femme pour femme [si victime et assassin sont toutes deux des femmes]. Celui auquel un pardon est accordé au sujet de [l'homicide de] son frère [pardon consistant à ce qu'on d’accepte de lui la compensation à la place du talion], qu’on lui fasse une requête convenable et que lui s'acquitte [de la compensation] d’une belle manière. Ceci est, de la part de votre Seigneur, un allégement et une miséricorde. Quiconque après cela (après cette réparation) fait acte d’agression, aura un châtiment douloureux
Là, Allah a désigné le tueur en le qualifiant de frère du tué. Cela se comprend aussi de sa parole que voici : Si deux groupes de croyants se combattent, réconciliez-les. Si l’un d’eux attaque injustement l’autre, combattez celui qui attaque jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre d’Allah. S’il s’y conforme, réconciliez-les avec justice. Soyez équitables car Allah aime ceux qui sont équitables. En vérité, les croyants sont des frères [dans la foi]. Rétablissez donc la concorde entre vos deux frères. Craignez Allah afin qu’il vous soit fait miséricorde
Là, il qualifia les deux groupes qui se combattent de croyants et attribua aux deux la fraternité au regard de la foi.Allah pardonne à qui il veut tout péché moins grave que le chirk [le fait d’adorer autre qu’Allah] et il fait sortir de l’enfer [après un certain temps passé dans le châtiment] toute personne possédant en son cœur une quantité de foi aussi minime que le poids d’un grain de moutarde, comme cela est affirmé de façon abondante et récurrente dans les hadiths évoquant l’intercession (ach-chafâ`a).
Al-murji’a (les murjites)
Ce sont ceux qui professent « de tenir à l’écart, de sortir, d’éloigner » (irjâ’) les actes de la foi, car pour eux, les actes n’entrent pas dans la définition et la réalité de la foi. Ils se répartissent en catégories diverses selon la définition que chacun donne de la foi :
1- Les jahmites :
Ils disent que la foi est seulement l’adhésion du cœur ou seulement la connaissance par le cœur, et que donc, en présence de foi (îmân), aucun péché [commis] ne [lui] porte préjudice et ce, de la même manière qu’aucune pratique d’obéissance n’apporte de bénéfice [à qui la pratique] en l’absence de foi. 2- Les karramites :
Pour eux, la foi c’est uniquement une énonciation verbale c’est-à-dire une attestation avec la langue
3- Les murjites parmi les jurisconsultes :
Pour eux, c’est uniquement l’adhésion du cœur et l’énonciation verbale, c’est-àdire que les actes n’entrent pas dans la définition et la réalité de la foi, ces derniers étant seulement des conséquences résultant de la foi. La réponse aux murjites peut se faire de plusieurs façons dont celles-ci : Allah a désigné les actes (les pratiques d’obéissance) en usant du terme « îmân » (foi). Ainsi parle-t-il à propos de ceux qui avaient prié en direction de Jéru-salem et qui sont morts avant que la direction de la prière (qibla) ne soit modifiée : Allah ne va évidemment pas laisser se perdre votre foi
[« Votre foi »] c’est-à-dire « votre prière » [que vous aviez accomplie en direction de Jérusalem]. Le Prophète a nié la foi complète à celui qui commet des actes qui sont des péchés majeurs. En effet, il a dit : Lorsque le fornicateur fornique, il n’est pas croyant à ce moment-là. Lorsque le voleur vole, il n’est pas croyant à ce momentlà. Lorsque le buveur boit [une boisson interdite, enivrante], il n’est pas croyant à ce moment-là. Lorsque quelqu’un s’empare d’un bien d’autrui qui a de la valeur à ce point qu’il attire le regard des gens sur lui lors de son méfait, celui-là n’est pas croyant à ce moment-là ». Rapporté par les deux cheikhs